Wednesday, May 7, 2008

Hemorragie post partum

Saignement vaginal après l'accouchement

On définit tout saignement vaginal excédant 500 ml après l’accouchement comme une hémorragie du post-partum (HPP). Cette définition pose cependant quelques problèmes.

  • En effet, les estimations du volume de sang perdu sont notoirement en deçà de la réalité, et ne correspondent souvent qu’à la moitié de la quantité de sang effectivement perdue. Le sang est mélangé à du liquide amniotique et parfois à de l’urine. Il est répandu sur des compresses, des serviettes et des linges, dans des seaux et sur le sol.

  • En outre, l’importance que peut avoir la perte d’un volume de sang donné pour une femme est fonction du taux d’hémoglobine de celle-ci. Une femme qui a un taux d’hémoglobine normal peut supporter une perte de sang qui serait fatale à une femme anémique.

Une perte de sang peut avoir des conséquences dramatiques même pour une femme qui est en bonne santé et ne souffre pas d’anémie.

  • Le saignement peut avoir un débit lent et durer plusieurs heures de sorte qu’il arrive qu’on ne diagnostique pas l’affection avant que la patiente entre subitement en état de choc.

L’évaluation des risques pendant la période prénatale ne permet pas de prévoir avec certitude quelles sont les femmes qui auront une HPP. Il convient de procéder à une prise en charge active du troisième stade du travail pour toutes les parturientes dans la mesure où cela permet de réduire l’incidence des HPP résultant d’une atonie utérine. Il faut surveiller attentivement toutes les accouchées récentes pour déterminer lesquelles ont une hémorragie du post-partum.

PROBLEMES

  • Saignement vaginal supérieur à la normale survenant pendant les 24 heures qui suivent l’accouchement (hémorragie du post-partum immédiat).

  • Saignement vaginal supérieur à la normale survenant au-delà des 24 heures qui suivent l’accouchement (hémorragie du post-partum tardif).

Un saignement lent et continu ou la survenue soudaine d’un saignement constituent une urgence. Intervenir rapidement et efficacement.

PRISE EN CHARGE GENERALE

  • APPELER A L’AIDE. Mobiliser d’urgence tout le personnel disponible.

  • Evaluer rapidement l’état général de la patiente, en particulier les signes vitaux (pouls, tension artérielle, respiration, température).

  • Si l’état de la patiente évoque un choc, commencer immédiatement le traitement. Même si la patiente ne présente pas de signe de choc, poursuivre l’examen en gardant cette éventualité à l’esprit, car son état peut se détériorer rapidement. Si un choc survient, il est important de commencer le traitement immédiatement.

  • Masser l’utérus pour expulser le sang et les caillots. Les caillots de sang retenus dans l’utérus inhibent les contractions utérines, qui sont par conséquent moins efficaces.

  • Administrer 10 unités d’ocytocine en IM.

  • Installer une voie veineuse et commencer à perfuser.

  • Sonder la vessie.

  • Vérifier si le placenta a été expulsé et si oui, l’examiner pour s’assurer qu’il est complet (tableau S-7).

  • Examiner le col, le vagin et le périnée et rechercher d’éventuelles lésions traumatiques.

  • Une fois que le saignement est maîtrisé (24 h après l’arrêt du saignement), faire un dosage de l’hémoglobine ou une mesure de l’hématocrite pour vérifier si la patiente est anémique :

- si le taux d’hémoglobine est inférieur à 7 g/dl ou si l’hématocrite est inférieur à 20% (anémie sévère) :

- donner 120 mg de sulfate ferreux ou de fumarate ferreux PLUS 400 µg d’acide folique, a prendre par voie orale, une fois par jour, pendant 3 mois ;

- après 3 mois, poursuivre la supplémentation à raison de 60 mg de sulfate ferreux ou de fumarate ferreux, PLUS 400 µg d’acide folique, à prendre par voie orale, une fois par jour, pendant 6 mois ;

- si le taux d’hémoglobine est compris entre 7 et 11 g/dl, donner 60 mg de sulfate ferreux ou de fumarate ferreux, PLUS 400 mg d’acide folique, a prendre par voie orale, une fois par jour, pendant 6 mois ;

- dans les régions d’endémie de l’ankylostomiase (prévalence supérieure ou égale à 20%), administrer un des traitements anthelminthiques suivants :

- de l’albendazole à prendre par voie orale, à raison de 400 mg en une seule fois ;

- OU du mébendazole à prendre par voie orale, à raison de 500 mg en une seule fois ou de 100 mg deux fois par jour pendant 3 jours ;

- OU du lévamisole à prendre par voie orale, à raison de 2,5 mg/kg une fois par jour pendant 3 jours ;

- OU du pyrantel à prendre par voie orale, à raison de 10 mg/kg une fois par jour pendant 3 jours ;

- dans les régions de forte endémie de l’ankylostomiase (prévalence supérieure ou égale à 50%), renouveler le traitement anthelminthique après 12 semaines.

DIAGNOSTIC

Tableau S-7

Diagnostic du saignement vaginal après l’accouchement

Signe d'appel et autres symptômes et signes cliniques généralement présents

Symptômes et signes cliniques parfois présent

Diagnostic probable

• HPP du post-partum immédiata

• Utérus mou/non contracté

• choc atonie utérine
• HPP du post-partum immédiata

• placenta complet

• utérus contracté

déchirures cervicales, vaginales ou périnéales
• Absence de délivrance 30 minutes après l'accouchement • HPP du post-partum immédiata

• utérus contracté

rétention placentaire complète
• Absence d'une portion de la surface maternelle ou présence de membranes déchirées contenant des vaisseaux • HPP du post-partum immédiat

• utérus contracté

rétention placentaire partielle
• Fond utérin non perçu à la palpation abdominale

• Douleur légère ou intense

• utérus inversé, visible au niveau de la vulve

• HPP du post-partum immédiatb

inversion utérine
• Survenue du saignement plus de 24 h après l'accouchement

• utérus trop mou et trop gros compte tenu du temps écoulé depuis l'accouchement

• saignement variable (léger ou abondant, continu ou irrégulier) et nauséabond)

• anémie

hémorragie du post-partum tardif
• HPP du post-partum immédiata (saignement intra-abdominal et/ou vaginal)

• Forte douleur abdominale (qui peut diminuer après la rupture)

• choc

• abdomen sensible

• pouls rapide

rupture utérine

a Il arrive que l’hémorragie extériorisée soit faible lorsqu’un caillot obstrue le col de l’utérus ou lorsque la patiente est allongée sur le dos.

b En cas d’inversion complète, il se peut qu’il n’y ait pas de saignement.

PRISE EN CHARGE

ATONIE UTERINE

L’atonie utérine est caractérisée par l’absence de contractions, notamment après l’accouchement.

  • Continuer à masser le fond utérin.

  • Utiliser des ocytociques à administrer soit simultanément, soit les uns après les autres (tableau S-8, ci-dessous).

Tableau S-8

Utilisation des ocytociques


Ocytocine Ergométrine/ méthylergométrine 15-méthyl prostaglandine F
Voie d'administration et posologie IV: 20 unités dans 1 l de solution intraveineuse à raison de 60 gouttes par minute

IM: 10 unités

IM ou IV (en injection lente): 0,2 mg IM: 0,25 mg
Dose d'entretien IV: 20 unités dans 1 l de solution intraveineuse, à raison de 40 gouttes par minute IM: 0,2 mg 15 minutes après la dose de charge IM ou IV: 0,2 mg (en injection lente) toutes les 4 h si nécessaire 0,25 mg toutes les 15 minutes
Dose maximale 3 l de solution intraveineuse contenant de l'ocytocine 5 doses (total:1,0 mg) 8 doses
(total: 2 mg)
Précautions/
Contre-indications
ne pas administrer sous forme de bolus intraveineux hypertension artérielle, pré-éclampsie, maladie cardiaque asthme

Ne pas administrer de prostaglandines par voie intraveineuse. Cela pourrait être fatal.

- examiner à nouveau le placenta pour voir s’il est complet ;

- si des débris placentaires ont apparemment été retenus (absence d’une portion de la surface maternelle ou présence de membranes déchirées contenant des vaisseaux), extraire le tissu placentaire restant ;

- évaluer la qualité de la coagulation en réalisant un test de coagulation au lit de la patiente ; si au bout de 7 minutes, le sang n’est toujours pas coagulé ou si le caillot est mou et se désagrège facilement, cela évoque une coagulopathie.

  • Puis, si le saignement n’a toujours pas cessé :

- procéder à une compression bimanuelle de l’utérus (figure S-4. ci-dessous) :

- après avoir enfilé des gants stériles ou désinfectés, introduire une main dans le vagin et fermer le poing ;

- fermer la main

- placer le poing dans le cul-de-sac antérieur et exercer une pression contre la paroi antérieure de l’utérus ;

- avec l’autre main, exercer une forte pression sur l’abdomen, derrière le fond utérin, en appuyant contre la paroi postérieure de l’utérus ;

- maintenir la compression jusqu’à ce que le saignement soit maîtrisé et que l’utérus se contracte.

Figure S-4

Compression bimanuelle de l’utérus

- A défaut de pouvoir exercer une compression bimanuelle de l’utérus, exercer une compression de l’aorte (figure S-5, ci-dessous)).

- Exercer une pression vers le bas avec le poing fermé sur l’aorte abdominale, directement à travers la paroi abdominale :

- le point de compression se situe juste au-dessus de l’ombilic et légèrement sur la gauche ;

- pendant le post-partum immédiat, on sent aisément le pouls aortique à travers la paroi abdominale.

- Avec l’autre main, rechercher le pouls fémoral pour vérifier si la compression est suffisante:

- si le pouls est palpable pendant la compression, c’est que la pression exercée par le poing est insuffisante ;

- si le pouls fémoral n’est pas palpable, la pression est suffisante.

- Maintenir la compression jusqu’à ce que le saignement soit maîtrisé.

Figure S-5

Compression de l'aorte abdominale et palpation du pouls fémoral

Le tamponnement intra-utérin est inefficace et fait perdre un temps précieux.

  • Si le saignement persiste malgré la compression

- procéder à une ligature de l’artère utérine et de l’artère utéro-ovarienne ;

- si après la ligature, le saignement persiste et met le pronostic vital en danger, procéder à une hystérectomie subtotale.

DECHIRURES CERVICALES, VAGINALES OU PERINEALES

Les lésions traumatiques de la filière génitale constituent la deuxième cause la plus fréquente des hémorragies du post-partum. Ces lésions peuvent être associées à une atonie utérine. Lorsque l’utérus est bien contracté, le saignement est généralement dû à une déchirure cervicale ou vaginale.

RETENTION PLACENTAIRE COMPLETE

Il arrive que la rétention du placenta ne s’accompagne pas d’un saignement.

  • Essayer d'exercer une traction mesurée du cordon.

Note: Eviter les tractions énergiques sur le cordon et les fortes pressions sur le fond utérin, ce qui pourrait provoquer une inversion utérine

  • Si le placenta n’a pas été expulsé, administrer 10 unités d’ocytocine en IM, si cela n’a pas encore été fait dans le cadre de la prise en charge active du troisième stade du travail.

Ne pas administrer d’ergométrine car cela provoque des contractions toniques de l’utérus qui pourraient retarder l’expulsion du placenta.

  • S'assurer que la patiente a la vessie vide. Sonder la vessie si besoin.

  • Si la délivrance n’a toujours pas eu lieu après 30 minutes de stimulation à l’ocytocine et que l’utérus est contracté, essayer d’exercer une traction mesurée sur le cordon et faire une tentative de délivrance artificielle.

Note : Si les tissus sont très adhérents, il peut s'agir d'un placenta accreta. Les efforts destinés à extraire un placenta qui ne se décolle pas facilement peuvent engendrer un saignement important ou une perforation de l'utérus qui requiert généralement une hystérectomie.

  • Si le saignement persiste, évaluer la qualité de la coagulation en utilisant un test de coagulation au lit de la patiente, si au bout de 7 minutes, le sang n’est toujours pas coagulé ou si le caillot est mou et se désagrège facilement, cela évoque une coagulopathie.

  • Si la patiente présente des signes d’infection (fièvre, leucorrhées nauséabondes), administrer les mêmes antibiotiques que pour une endométrite.

RETENTION PLACENTAIRE PARTIELLE

Il arrive que la rétention de débris placentaires n’entraîne pas de saignement.

Lorsqu’une portion du placenta – un ou plusieurs lobes – est retenue dans l’utérus, cela empêche l’utérus de se contracter efficacement.

  • Introduire la main à l’intérieur de l’utérus pour y rechercher des fragments de placenta. La technique employée pour la révision utérine est similaire à celle de la délivrance artificielle.

  • Extraire les fragments placentaires à la main, avec une pince à faux germe ou une grande curette.

Note : Si les tissus sont très adhérents, il peut s’agir d’un placenta accreta. Les efforts destinés à extraire un placenta qui ne se décolle pas facilement peuvent engendrer un saignement important ou une perforation de l’utérus qui requiert généralement une hystérectomie.

  • Si le saignement persiste, évaluer la qualité de la coagulation en utilisant un test de coagulation au lit de la patiente, si au bout de 7 minutes, le sang n’est toujours pas coagulé ou si le caillot est mou et se désagrège facilement, cela évoque une coagulopathie.

INVERSION UTERINE

On dit que l’utérus est inversé lorsqu’il se retourne pendant la délivrance. Dans ce cas, il faut le repositionner immédiatement. Plus le temps passe, plus l’anneau de rétraction qui entoure l’utérus inversé devient rigide et plus l’utérus est engorgé de sang.

  • Si la douleur est très forte, injecter lentement 1 mg de péthidine par kg (sans dépasser 100 mg au total), en IM ou en IV ou administrer 0,1 mg de morphine par kg en IM.

Note : Ne pas administrer d’ocytocique tant que l’inversion n’est pas corrigée.

- 2 g d’ampicilline en IV, PLUS 500 mg de métronidazole en IV ;

- OU 1g de céfazoline en IV, PLUS 500 mg de métronidazole en IV.

  • Si la patiente présente des signes d’infection (fièvre, leucorrhées nauséabondes), lui administrer les mêmes antibiotiques que pour une endométrite.

  • En cas de nécrose présumée, procéder à une hystérectomie par voie vaginale. Il peut être nécessaire pour cela de transférer la patiente dans un centre de soins tertiaires.

HEMORRAGIE DU POST-PARTUM TARDIF (« SECONDAIRE »)

Une hémorragie prolongée ou tardive du post-partum peut être un signe d’endométrite.

  • Administrer des ocytociques (tableau S-8).

  • Si le col est dilaté, faire une révision utérine et extraire les gros caillots et les débris placentaires. La technique employée pour la révision utérine est similaire à celle de la délivrance artificielle.

  • Si le col n’est pas dilaté, évacuer l’utérus pour en retirer les débris placentaires.

  • Si le saignement persiste, ce qui est rare, envisager de procéder à une ligature de l’artère utérine ou utéro-ovarienne ou à une hystérectomie.

  • Si possible, faire un examen histologique des éléments extraits au curetage ou d’un échantillon de tissu utérin recueilli lors de l’hystérectomie pour exclure l’hypothèse d’une tumeur trophoblastique.

Définition: Sage-femme

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la sage-femme comme :

« Une personne qui a suivi un programme de formation reconnu dans son pays, a réussi avec succès les études afférentes et a acquis les qualifications nécessaires pour être reconnue ou licenciée en tant que sage-femme. Elle doit être en mesure de donner la supervision, les soins et les conseils à la femme enceinte, en travail et en période post-partum, d'aider lors d'accouchement sous sa responsabilité et prodiguer des soins aux nouveau-nés et aux nourrissons. Ses soins incluent des mesures préventives, le dépistage des conditions anormales chez la mère et l'enfant, le recours à l'assistance médicale en cas de besoin et l'exécution de certaines mesures d'urgence en l'absence d'un médecin. Elle joue un rôle important en éducation sanitaire, non seulement pour les patientes, mais pour la famille et la préparation au rôle de parents et doit s'étendre dans certaines sphères de la gynécologie, de la planification familiale et des soins à donner à l'enfant. La sage-femme peut pratiquer en milieu hospitalier, en clinique, à domicile ou en tout autre endroit ou sa présence est requise. »

Cette définition est souvent présentée comme la définition internationale de la sage-femme.

Pourquoi Sage-femme et Grossesse?

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